L'Ultime Réflexion : Entre Ralentissement et Fin d'Aventure

Dès le départ, dans un souci de conformité, j’ai souscrit à une assurance responsabilité civile pour garantir la sécurité de mon stand et de mes clients. En tant qu’entreprise, je suis soumise à la CFE (Contribution Foncière des Entreprises) pour mon domicile, où je produis mes créations. En tant que propriétaire, je paie également une taxe foncière, sans aucune déduction liée à la présence de mon atelier.

Je suis également assujettie à l’URSSAF, bien que mes chiffres d’affaires ne me permettent pas de bénéficier d’aides significatives, mis à part peut-être la validation de quelques trimestres. Les règles du jeu sont ainsi, et je m’y conforme. En 2016, une nouvelle obligation est apparue : en ne vendant qu’à des particuliers, j’ai dû adhérer à un service de médiation, qui, je dois l’avouer, ne m’apporte aucune réelle valeur ajoutée, étant donné la qualité de mes relations avec mes clients. Pourtant, je continue de régler cette obligation chaque année pour rester en règle.

En 2022, une nouvelle contribution a été imposée : l’adhésion au service de ReFashion, appliquée rétroactivement pour les années 2020 et 2021. Cela signifie qu’aujourd’hui, lorsque je vends un article vestimentaire, je paie davantage qu’une entreprise située à l’autre bout du monde. C’est un choc et une injustice, surtout pour des années où j’ai dû faire face à des restrictions qui m’ont empêché de travailler librement. Malgré ces obstacles, j’ai persévéré, animée par la même passion.

Les années 2023 et 2024 ont été particulièrement éprouvantes pour les petits commerçants. Il suffit de regarder les façades de magasins fermés pour s’en rendre compte. La baisse du pouvoir d’achat et la pression fiscale sont des causes majeures de cette morosité, sans oublier la concurrence des achats en ligne. Mon chiffre d’affaires a chuté de 50 % par rapport à 2022, la dernière année « normale ».

Aujourd’hui, de nouvelles obligations se profilent à l’horizon, toujours payantes et administratives : la TVA de 20 % et l’obligation d’émettre des factures électroniques. Bien que je sois sous le plafond de la TVA, une nouvelle règle se profile passé trois ans d’existence, mon entreprise sera automatiquement assujettie à cette taxe. Quant aux factures électroniques, elles doivent être réalisées sur des plateformes spécifiques, également payantes, pour toute entreprise soumise à la TVA. La situation devient insupportable.

Je ne peux pas vous demander de payer 20 % supplémentaires sur mes créations, et je ne peux pas non plus absorber cette augmentation sur ma marge, qui est déjà très limitée. Alors, que faire ? Pour l’instant, j’attends des décisions définitives, marchant sur le fil du rasoir. Il va falloir prendre une décision : continuer ou arrêter.

Cela m’amène à réfléchir à ma motivation. Pourquoi je crée ? Quel est mon moteur ? Jusqu’ici, ma passion et ma créativité étaient nourries par la joie des rencontres, tant avec mes collègues qu’avec vous, mes clients. Cependant, les obstacles s’accumulent et cela devient de plus en plus difficile. Je ne ressens plus l’envie. Moralement, je suis épuisée par toutes ces obligations.

Pour l’instant, j’ai décidé d’arrêter la vente d’accessoires vestimentaires d’ici fin 2025. Mon stock sera écoulé lors des marchés prévus. Quant au reste, je n’ai pas encore pris de décision, mais elle se dessine, et il est fort probable que cela marque la fin de mon aventure, une triste réalité pour beaucoup d’entre nous.

Depuis quelque temps, vous avez pu constater un ralentissement dans mes activités, que ce soit dans mes créations ou ma présence sur les marchés. Ce repli sur mon activité me pousse aujourd’hui à exprimer mes doutes et mes interrogations sur l’avenir de mon entreprise. Comme beaucoup d’autres, j’ai ouvert mon entreprise avec l’intention de respecter la légalité : pour vendre des produits, il est obligatoire d’être déclaré.

C’est ainsi que Ribambelle de Blandine a vu le jour.